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Pesticides et floriculture, les dessous d’une relation toxique 

Le FIVP confirme le lien entre le décès d’une jeune fille et le contact avec des pesticides présents sur les fleurs dont sa mère s’occupait. 

Lorsque Laure Marivain, ex-fleuriste nantaise, entre en contact avec le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) pour sa fille de 11 ans, Emmy, atteinte d’une leucémie aiguë ; elle craint déjà le pire après qu’elle ait fait des découvertes alarmantes concernant des produits phytosanitaires toxiques potentiellement présents sur les plantes qu’elle manipulait au quotidien et pendant sa grossesse.

Un mois plus tard, en mars 2022, Emmy décède des suites de sa maladie et c’est en juillet 2023 que le FIVP confirme le lien de causalité entre le décès d’Emmy et le métier de sa mère.

Pour Laure et sa famille, s’ensuit une année difficile, passée à constituer un dossier solide, empreint de culpabilité portée par cette mère de famille, elle témoigne pour France Bleu : « La culpabilité a été énorme. Je me suis dit : comment j’ai pu être aussi naïve ! C’est moi qui ai empoisonné ma fille. »

« La culpabilité a été énorme. Je me suis dit : comment j’ai pu être aussi naïve ! C’est moi qui ai empoisonné ma fille. »

Mercredi dernier, le 9 octobre 2024, Laure Marivain a saisi la cour d’appel de Rennes pour contester le montant d’indemnisation proposé par le FIVP et faire reconnaître le préjudice subi.

Cette affaire, ainsi que la reconnaissance du lien entre un décès et l’exposition prolongée aux pesticides étant une première, il est alors de mise de se demander s’il s’agit d’un cas isolé et si le risque est connu des professionnels de la floriculture.

Noémie, fleuriste depuis 13 ans et directrice de la boutique « Au Paradis des fleurs », à Neuville-sur-Saône, témoigne : « Oui, bien sûr que je suis au courant des risques liés à ces produits, mais que voulez-vous, c’est complètement opaque, on ne sait jamais vraiment avec quels produits sont traitées les fleurs que l’on vend ». Pourtant, ce n’est pas faute de volonté : soucieuse de la qualité de ses plantes, elle s’est rendue en personne sur les sites de pousse de tous ses producteurs français, mais lorsqu’on passe les frontières, il est difficile de demander des comptes : « Vous savez, au moins 50 % de mon chiffre d’affaires provient de fleurs étrangères, surtout des roses, et c’est clair que moi, en tant que fleuriste, je n’ai aucun moyen de savoir comment elles sont cultivées. »

Marie-Ange qui exerce depuis plus de 30 ans, porte un regard différent sur sa profession, derrière un comptoir rustique, au milieu d’un fouillis dans lequel elle semble parfaitement se retrouver, elle déclare : « C’est malheureux ce qui est arrivé, mais en tant que fleuriste, on n’est pas responsable, ce sont les producteurs qu’il faut questionner » souffle-t-elle en ajoutant : « Moi, j’aime mon métier, j’aime mes fleurs, j’aime toucher la terre, je ne vais pas commencer à porter des gants ! De toute façon des produits toxiques, il y en a dans l’air, dans la nourriture… Partout ! Je m’inquiéterai si les cas se multiplient. »

Si les deux entrepreneuses portent un regard différent sur leur profession et les responsabilités qu’elle implique, elles s’accordent tout de même sur un point : l’opacité sur les produits utilisés dans le traitement des fleurs. 

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